Le vitré : un gel essentiel à l’œil, mais pas sans conséquences

Aurore Allemand • 21 février 2025

L’œil humain est une machine d’une précision fascinante. Mais derrière sa clarté apparente se cache une structure méconnue : le vitré. Ce gel transparent, qui remplit 80 % du volume de l’œil, joue un rôle essentiel dans le maintien de sa forme et la transmission de la lumière. Pourtant, avec le temps, il peut être à l’origine d’un phénomène gênant : l’apparition de dépôts flottants, aussi appelés corps flottants ou myodésopsies. Pourquoi ces dépôts se forment-ils ? Sont-ils un signe de vieillissement normal ou annoncent-ils un problème plus sérieux ?


corps flottant dans un oeil

Le vitré, un gel fondamental pour la vision


Le vitré est un gel transparent composé à 99 % d’eau. Le 1 % restant, pourtant essentiel, est constitué de collagène et d’acide hyaluronique, deux composants qui assurent son élasticité et sa cohésion. Dès la naissance, il joue un rôle clé dans la stabilité de l’œil, en maintenant une pression intraoculaire constante et en assurant une transmission parfaite de la lumière vers la rétine.


Contrairement à d’autres structures oculaires comme la cornée ou le cristallin, le vitré ne se renouvelle pas. Il vieillit avec nous. C’est ce vieillissement qui est directement responsable de l’apparition des corps flottants, ces petites ombres qui dérivent dans notre champ visuel et qui peuvent devenir très gênantes.


Comment se forment les dépôts dans le vitré ?


Avec le temps, le vitré subit une transformation appelée synérèse vitréenne. Ce processus naturel entraîne une liquéfaction progressive du gel, modifiant sa structure initiale. Le collagène, qui était uniformément réparti, se regroupe en petits amas, formant des filaments ou des taches opaques. Ces amas sont les fameux corps flottants que l’on perçoit lorsqu’ils projettent leur ombre sur la rétine.


La synérèse vitréenne débute souvent après 40 ans, mais elle peut apparaître plus tôt chez les personnes myopes ou ayant subi un traumatisme oculaire. À 60 ans, plus de 25 % des individus présentent des corps flottants visibles, et ce chiffre grimpe à 60 % après 80 ans.



Pourquoi les formes varient-elles ?


Chaque personne voit ses corps flottants différemment. Certains perçoivent des filaments, d’autres des taches sombres, parfois des anneaux. Cette diversité s’explique par plusieurs facteurs :


La structure du vitré : un vitré plus dense et plus structuré forme des filaments fins, tandis qu’un vitré plus liquide produit des taches plus larges.


Le type d’agrégats de collagène : certains se fragmentent en petites particules diffuses, d’autres forment des amas compacts plus visibles.


L’éclairage et le fond sur lequel ils sont observés : un ciel clair ou un écran blanc accentue leur perception.


Parmi les formes les plus courantes, l’anneau de Weiss est particulièrement connu. Il apparaît lors du décollement postérieur du vitré, un phénomène fréquent après 50 ans, où le vitré se détache de la rétine et laisse un anneau flottant bien défini dans le champ de vision.



Un phénomène bénin, mais parfois inquiétant


Dans la majorité des cas, les corps flottants sont inoffensifs. Le cerveau s’adapte progressivement et apprend à les ignorer. Cependant, dans certaines situations, leur apparition soudaine peut être le signe d’un problème plus grave. Si les corps flottants s’accompagnent de flashs lumineux ou d’une perte brutale de la vision, il peut s’agir d’un décollement de la rétine, une urgence nécessitant une consultation immédiate.


L’impact des corps flottants sur la qualité de vie varie énormément. Pour certains, ils restent discrets, tandis que pour d’autres, ils deviennent un véritable handicap visuel, interférant avec la lecture, la conduite ou l’utilisation des écrans.



Existe-t-il des solutions pour éliminer ces dépôts ?


Jusqu’à récemment, les options de traitement étaient limitées. La vitrectomie, qui consiste à retirer le vitré et à le remplacer par un liquide clair, est efficace mais comporte des risques importants, notamment un décollement de la rétine ou le développement rapide d’une cataracte.


Une alternative plus récente est la vitréolyse au laser YAG, qui fragmente les corps flottants en particules plus petites et moins gênantes. Son efficacité dépend de la taille et de la position des dépôts dans le vitré.


Aujourd’hui, la recherche se concentre sur des approches non invasives, visant à améliorer l’adaptation cérébrale aux corps flottants. Nous développons une solution innovante qui pourrait changer la prise en charge de cette gêne visuelle.


Vers une nouvelle approche pour soulager la gêne des corps flottants


Si vous êtes concerné par ces dépôts vitréens et que leur impact est significatif dans votre quotidien, nous vous invitons à participer à notre étude. Elle vise à mieux comprendre l’expérience des patients et à tester une solution non invasive, à utiliser directement chez soi.


Prenez quelques minutes pour répondre à notre questionnaire et soyez parmi les premiers à découvrir cette avancée.



par Rédaction Clear 19 juin 2025
Ils apparaissent un jour dans le champ visuel. Taches, filaments, nuages mobiles. Parfois discrets. Parfois obsédants. Que sont ces “corps flottants” ? Pourquoi apparaissent-ils ? Et surtout : que peut-on faire quand ils gâchent la vue ? Nous avons posé toutes les questions — même les plus dérangeantes — à un spécialiste de la vision. Voici ses réponses. Ce que vous voyez, ce ne sont pas des illusions. Ce sont de petites opacités situées dans le vitré, ce gel transparent qui remplit l’œil entre le cristallin et la rétine. Ces opacités projettent des ombres sur la rétine quand la lumière les traverse. Résultat : vous percevez comme des taches, des filaments, des bulles… qui semblent flotter et se déplacer quand vous bougez les yeux. Est-ce que c’est grave ? Dans la grande majorité des cas, non. C’est gênant, parfois très invalidant sur le plan fonctionnel ou psychologique, mais ce n’est pas dangereux pour la santé visuelle si le fond d’œil est normal. En revanche, si les corps flottants apparaissent brutalement, en nuage dense ou avec des flashs lumineux, il faut consulter en urgence. Cela peut révéler un décollement du vitré ou une déchirure rétinienne. Pourquoi apparaissent-ils ? Les causes sont multiples. Le plus souvent, c’est le vieillissement du vitré. Il se liquéfie, se détache de la rétine, et des fibres de collagène s’agglutinent. Mais ils peuvent aussi apparaître plus tôt chez : • les myopes (surtout fortes myopies), • les personnes opérées de la cataracte, • après un traumatisme oculaire, • ou parfois sans cause apparente. Est-ce que les écrans ou le stress peuvent les provoquer ? Les écrans ne causent pas directement les corps flottants, mais ils peuvent amplifier la gêne. Un fond clair, une fixation prolongée, une fatigue oculaire : tout cela accentue la perception. Quant au stress, il n’est pas responsable de leur apparition, mais il aggrave souvent la gêne ressentie. Le cerveau devient plus sensible, plus focalisé sur l’inconfort. Est-ce que ça peut disparaître ? Pas vraiment. Les corps flottants ne s’évaporent pas, mais ils peuvent se déplacer en dehors de la zone centrale, ou devenir moins visibles à mesure que le cerveau s’y habitue. C’est ce qu’on appelle l’habituation visuelle. Peut-on vraiment s’y habituer ? Oui. Et ce n’est pas qu’une question de patience. C’est un mécanisme actif. Le cerveau apprend à ignorer les signaux perturbants — comme il ignore naturellement la tache aveugle ou le nez dans notre champ visuel. Cela s’appelle la neuro-adaptation. Ce processus varie selon les personnes : certains s’habituent vite, d’autres mettent des mois, voire jamais sans aide. Quel examen faut-il faire ? Un fond d’œil avec dilatation est indispensable, surtout si les corps flottants sont récents ou s’accompagnent d’éclairs lumineux. C’est le seul moyen de vérifier que la rétine n’est pas déchirée ou décollée. Une OCT du vitré peut aussi être utile, mais elle n’est pas systématique. Pourquoi les ophtalmologistes ne proposent rien ? Parce que la médecine ne dispose que de deux options : • la vitrectomie, une chirurgie invasive avec des risques (décollement de rétine, cataracte, infection) • ou la vitréolyse au laser, efficace dans des cas très ciblés mais encore controversée. Dans la majorité des cas, les ophtalmologistes préfèrent ne rien faire pour éviter de nuire, car le risque du traitement est jugé supérieur à la gêne. Ce n’est pas un abandon, c’est une prudence éthique. Mais du coup… on fait quoi ? On explore une autre voie. Celle du cerveau. Il ne s’agit pas de supprimer les corps flottants, mais d’apprendre à les tolérer, à les filtrer. Des programmes d’entraînement visuel basés sur la neuroplasticité permettent d’amplifier l’habituation naturelle, via des exercices de focalisation, de désensibilisation, ou de simulation contrôlée. Est-ce que ces méthodes marchent vraiment ? Des résultats cliniques préliminaires et des retours patients montrent que plus de 70 % des personnes entraînées rapportent une réduction significative de la gêne. Cela ne veut pas dire que les corps flottants disparaissent, mais qu’ils deviennent moins visibles, moins envahissants, moins obsessionnels. Est-ce que c’est accessible à tous ? Oui. Ces approches sont non invasives, réalisables à domicile, et adaptées à tous ceux qui souffrent d’une gêne sans indication chirurgicale. Le plus important, c’est la régularité : c’est un travail d’adaptation, pas un traitement instantané. Un dernier mot pour ceux qui en souffrent ? Ne restez pas seul. La gêne est réelle, même si elle est invisible aux autres. Ce que vous ressentez mérite d’être reconnu, accompagné, compris. Il n’existe peut-être pas de solution radicale aujourd’hui, mais il existe des chemins de soulagement, basés sur ce que le cerveau sait faire de mieux : s’adapter. Participer à notre enquête
yeux animaux corps flottant
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