Neuroplasticité : comment votre cerveau apprend à ignorer ce qui le dérange

Aurore Allemand • 29 mars 2025

Le cerveau a un super-pouvoir méconnu : il apprend à filtrer ce qui n’est pas essentiel. C’est grâce à lui que vous ne remarquez plus vos lunettes sur votre nez, le tic-tac d’une horloge… ou parfois même les corps flottants dans vos yeux. Ce pouvoir, c’est la neuroplasticité. Et il est bien plus fascinant – et exploitable – que vous ne l’imaginez.

La neuroplasticité, c’est quoi exactement ?

La neuroplasticité, c’est quoi exactement ?


La neuroplasticité, c’est la capacité qu’a votre cerveau à se reprogrammer en permanence. Il forme de nouvelles connexions neuronales, en renforce certaines, en supprime d’autres. Ce n’est pas réservé à l’enfance : votre cerveau reste plastique toute votre vie.


C’est elle qui vous permet d’apprendre une langue, de récupérer après un AVC… ou de vous adapter à des sensations visuelles parasites, comme les myodésopsies.


Pourquoi vous ne sentez plus vos chaussettes ?


Lorsque vous enfilez une paire de chaussettes le matin, vous les sentez. Quelques minutes plus tard, plus rien. Ce n’est pas que vos nerfs ont arrêté d’envoyer le signal. C’est que votre cerveau a désactivé sa réponse : il a jugé cette information inutile pour votre survie. C’est ce qu’on appelle l’habituation : un processus naturel de désensibilisation, rendu possible par la neuroplasticité. Résultat ? Le stimulus est toujours là, mais il est perçu comme un bruit de fond.





Corps flottants, acouphènes, douleurs chroniques : pourquoi certains signaux ne disparaissent pas ?


Vous vous demandez peut-être pourquoi certaines sensations, pourtant objectivement bénignes, semblent s’imposer à votre conscience, au point de vous épuiser mentalement. C’est que l’habituation, ce mécanisme qui nous permet normalement de filtrer l’inutile, ne fonctionne pas toujours correctement. Il peut se bloquer, se dérégler… voire se retourner contre vous.


Le cerveau ne vous transmet pas une image brute du monde. Il ne vous montre ni tout, ni fidèlement. Il sélectionne, simplifie, interprète. Et surtout : il donne de l’importance à certains signaux, et ignore les autres.

Quand un stimulus est jugé répétitif, non menaçant et sans valeur d’alerte, il est normalement dépriorisé. Le cortex sensoriel cesse progressivement d’y répondre. Mais parfois, ce système de tri s’enraye. Et un signal qui aurait dû devenir un bruit de fond reste en pleine lumière cognitive.



Hypervigilance, stress et boucle attentionnelle


Voici comment le piège se referme :


  • Un nouveau signal apparaît (ex : corps flottants, sifflement, tension dans le dos).
  • Le cerveau, surpris, y accorde une attention accrue.
  • Cette attention renforce la perception consciente du signal.
  • Le cerveau l’interprète alors comme potentiellement important, voire menaçant.
  • Résultat : le signal reste activement monitoré.


C’est un cercle vicieux. Plus vous le remarquez, plus il est “important” pour votre cerveau. Et plus il devient difficile à ignorer.





Le cas des corps flottants : ce n’est pas ce que vous voyez, c’est comment vous le voyez


Les myodésopsies (ou « corps flottants ») sont des ombres projetées sur la rétine par des particules dans le vitré. Presque tout le monde en a. Mais la plupart des gens ne les perçoivent pas consciemment. Ou alors brièvement, sans en souffrir.


Ce qui déclenche la gêne, ce n’est pas leur simple présence.

C’est le fait que votre cerveau y consacre activement son attention.


Cela peut être déclenché ou amplifié par :


Un état anxieux ou hypervigilant

• Une période de fatigue visuelle ou de stress prolongé

• Une fixation mentale sur les yeux ou la vision

• Le fait de chercher à les observer ou à les fuir


Le résultat est contre-productif : plus vous y pensez, plus vous les voyez. Et plus vous les voyez… plus votre cerveau les considère comme prioritaires.



Acouphènes, douleurs chroniques : même combat


Un acouphène est souvent le bruit de fond d’une perte auditive.

Mais le cerveau, inquiet de ce “manque”, se met à amplifier le signal résiduel.

Il le met en avant comme une anomalie à surveiller.


Une douleur chronique n’est pas toujours due à une blessure actuelle.

Parfois, le cerveau continue à interpréter un signal nerveux comme menaçant, même après guérison.

Ce phénomène s’appelle “sensibilisation centrale”.


Dans tous ces cas, c’est la boucle attentionnelle et émotionnelle qui maintient la gêne active. Pas la gravité du signal lui-même.



Mais la boucle peut être cassée. Et le cerveau rééduqué.


C’est là que la neuroplasticité redevient votre meilleure alliée.

Oui, le cerveau peut s’être piégé lui-même…

Mais il peut aussi apprendre à réinterpréter, à filtrer à nouveau, "à baisser le volume".



cerveau et neuroplasticité
Ce que disent les neurosciences


Une étude de Nature Neuroscience (2001) montre que le cerveau modifie son activité dans le cortex sensoriel quand un stimulus est répété sans menace associée. Les travaux de Michael Merzenich, pionnier de la neuroplasticité, ont prouvé que des zones entières du cerveau peuvent se réorganiser en quelques semaines avec les bons entraînements.


Chez les patients souffrant de douleurs chroniques ou d’acouphènes, des programmes de désensibilisation comme le neurofeedback, la visualisation ou l’exposition graduée permettent de réduire jusqu’à 70 % la gêne ressentie.



Comment le cerveau “efface” un signal gênant ?


C’est là que la neuroplasticité devient une arme puissante. Lorsqu’un stimulus est répété et qu’il ne représente aucun danger, le cerveau apprend à l’identifier comme non menaçant. Il commence alors à baisser sa priorité dans le cortex sensoriel, réduisant ainsi son impact dans le champ de la conscience. Progressivement, il réorganise ses connexions neuronales pour atténuer la réponse émotionnelle et attentionnelle associée à ce signal. Peu à peu, ce dernier est filtré automatiquement, comme un bruit de fond sans importance.


C’est exactement ce principe qui est utilisé dans certaines thérapies pour les acouphènes ou les douleurs chroniques. Le but n’est pas de faire disparaître le signal à tout prix, mais d’apprendre au cerveau à le neutraliser, à ne plus y réagir. On cesse de le combattre pour mieux le dompter.



Vous n’avez pas besoin “d’éliminer” les corps flottants pour aller mieux.

Vous pouvez entraîner votre cerveau à les ignorer.

vous êtes loin d’être impuissant.

Votre cerveau est vivant, plastique, adaptable. Il peut apprendre à ignorer ce qui le dérange – et il le fait déjà chaque jour. La clé, c’est de lui montrer comment.


Devenez bêta testeur de notre solution


Les corps flottants dans les yeux sont causés par la liquéfaction du vitré et l’agglutination de ses
par Aurore Allemand 28 août 2025
Les corps flottants dans les yeux sont causés par la liquéfaction du vitré et l’agglutination de ses fibres. Fréquents après 40 ans, ils touchent jusqu’à 70 % des personnes de plus de 80 ans. Souvent bénins, ils peuvent parfois révéler une déchirure rétinienne : un contrôle ophtalmologique est conseillé si leur apparit
Les corps flottants sont des altérations du vitré visibles surtout sur fond clair. Contrairement aux
par Aurore Allemand 20 août 2025
Les corps flottants sont des altérations du vitré visibles surtout sur fond clair. Contrairement aux hallucinations visuelles, ils bougent avec l’œil, sont perçus à un seul œil, et ne concernent pas l’imaginaire. Apprenez à faire la différence.
Et si vos corps flottants pouvaient être filtrés par votre cerveau ? Une approche inédite d’entraîne
par Rédaction CLEAR 19 juillet 2025
Et si vos corps flottants pouvaient être filtrés par votre cerveau ? Une approche inédite d’entraînement neuro-visuel ouvre une nouvelle voie, sans chirurgie ni médicament. Rejoignez notre étude pilote en tant que bêta-testeur.
par Rédaction Clear 19 juin 2025
Que sont les corps flottants dans les yeux et peut-on s’en débarrasser ? Les corps flottants sont de petites opacités situées dans le vitré de l’œil, perçues comme des taches mobiles dans le champ visuel. Ils sont généralement bénins et ne menacent pas la vision, mais peuvent être très gênants. S’il n’existe pas de traitement simple pour les éliminer, le cerveau peut apprendre à les ignorer grâce à un phénomène appelé neuro-adaptation. Des approches non invasives permettent aujourd’hui de réduire significativement la gêne sans passer par la chirurgie.
yeux animaux corps flottant
par Aurore Allemand 3 juin 2025
Les animaux ont-ils des corps flottants dans les yeux ? Oui. Comme les humains, chiens, chats, chevaux et primates peuvent présenter des opacités vitréennes, observées à l’examen vétérinaire. Leurs effets restent difficilement mesurables car non verbalisés.
par Aurore Allemand 15 mai 2025
Pourquoi votre ophtalmologiste ne vous propose rien pour vos corps flottants ? Parce qu’il ne s’agit pas d’un problème dangereux pour la santé visuelle. Les corps flottants, aussi gênants soient-ils, ne menacent pas votre rétine. C’est pourquoi, en l’absence de décollement ou de signe grave, la réponse médicale reste souvent : « Il faut apprendre à vivre avec ». Ce n’est pas de la négligence, mais un choix de prudence. Et il existe aujourd’hui des solutions alternatives, comme l’entraînement visuel neuro-adaptatif.
Peut-on apprendre à ignorer les corps flottants ?
par Aurore Allemand 9 mai 2025
Peut-on apprendre à ignorer les corps flottants ? Oui. Le cerveau peut apprendre à ignorer les corps flottants grâce à des mécanismes d’habituation perceptive et de modulation attentionnelle. Même si le corps flottant reste présent dans l’œil, sa perception peut diminuer lorsque le cerveau le considère comme non menaçant ou non pertinent. Ce processus, bien documenté en neurosciences, s’appuie sur la plasticité neuronale et l’attention sélective.
par Rédaction Clear 15 avril 2025
Comment distinguer un corps flottant d’une hallucination visuelle ? Les corps flottants suivent les mouvements de l’œil, sont visibles sur fond clair et disparaissent yeux fermés. Les hallucinations visuelles, elles, ne dépendent pas du regard, peuvent apparaître dans le noir et persistent même les yeux fermés. L’un provient de l’œil (le vitré), l’autre du cerveau. En cas de doute, un avis médical est essentiel.
vitrectomie
par Aurore Allemand 11 avril 2025
Qu’est-ce qu’une vitrectomie ? La vitrectomie est une chirurgie de l’œil qui consiste à retirer partiellement ou totalement le vitré, une substance gélatineuse située à l’intérieur de l’œil. Elle est indiquée dans les cas graves comme un décollement de rétine, une hémorragie intraoculaire ou un trou maculaire. Elle peut aussi être proposée, en dernier recours, pour des corps flottants très invalidants. Bien que très efficace, la vitrectomie est une procédure invasive, avec des risques potentiels comme la cataracte précoce ou un décollement de rétine, ce qui limite son indication aux cas sévères.
par Aurore Allemand 2 avril 2025
Le cortex visuel joue un rôle clé dans la perception des corps flottants. Grâce à la neuroplasticité, il peut apprendre à filtrer ces stimuli visuels parasites. En l’entraînant, il est possible de réduire la gêne sans intervention invasive. Une nouvelle voie, cérébrale, s’ouvre. Et si le cerveau apprenait à ignorer les corps flottants ? Le cortex visuel pourrait détenir la clé. Découvrez une approche neurosensorielle innovante.