Peut-on vraiment apprendre à ignorer les corps flottants ?

Aurore Allemand • 9 mai 2025


Peut-on vraiment apprendre à ignorer les corps flottants ? La réponse de la science


Oui, le cerveau peut apprendre à ignorer les corps flottants. C’est prouvé.


Les myodésopsies — ces points noirs, filaments ou toiles d’araignée qui dérivent dans votre champ de vision — sont souvent perçues comme une fatalité. En réalité, notre cerveau peut s’y adapter. C’est ce qu’on appelle la neuroplasticité visuelle.


Pourquoi voit-on des corps flottants ?

Le cerveau, un filtre intelligent


Le cerveau humain est capable de réorganiser ses circuits pour s’adapter à un changement sensoriel. C’est grâce à cette propriété que certains aveugles lisent en braille ou que des patients retrouvent une fonction motrice après un AVC. Le champ de la vision ne fait pas exception.


Des exemples qui prouvent que la perception est malléable


Plusieurs phénomènes montrent que notre cerveau filtre ou ignore certaines informations visuelles :


  • La tache aveugle : chaque œil a une zone sans photorécepteurs. Pourtant, vous ne voyez pas de “trou noir”. Le cerveau la comble automatiquement.
  • Les lunettes inversées : dès les années 1890, les expériences ont montré qu’après quelques jours avec des lunettes retournant le monde à l’envers, les sujets voyaient à nouveau « normalement ».
  •  L’illusion de Troxler : fixez un point, les éléments en périphérie disparaissent. Le cerveau ignore ce qui ne bouge pas ou n’est pas pertinent.


Ces mécanismes sont au cœur de l’approche CLEAR.


Ce que disent les études


  • Une étude par Zhang et al. (2015) montre que le cortex visuel peut ajuster sa réponse à des stimuli non pertinents après une exposition répétée.
  • Raichle et al. (2001) ont mis en évidence le rôle du “default mode network” dans le filtrage de l’information visuelle parasite.
  • Hesselmann et al. (2010) ont observé une diminution progressive de l’activité neuronale dans le cortex visuel primaire en réponse à des stimuli répétitifs non pertinents — comme… un corps flottant.


Autrement dit : la gêne visuelle peut diminuer sans que le corps flottant disparaisse.




Une adaptation neurovisuelle documentée


La diminution de la gêne liée aux corps flottants sans changement physique de leur structure est un phénomène bien connu en neurosciences. Ce processus repose sur des mécanismes combinés d’habituation perceptive, de réduction de la saillance attentionnelle et de modulation corticale.



1. L’habituation perceptive


L’habituation est une forme élémentaire d’apprentissage non associatif. Elle permet à un organisme de diminuer sa réponse à un stimulus répété, non menaçant, et non pertinent sur le plan fonctionnel. Dans le cadre des corps flottants, cette habituation peut conduire à une réduction progressive de la conscience du stimulus visuel, même si ce dernier est toujours présent dans le champ de vision.


➡ Référence : Rankin et al., 2009. “Habituation revisited: an updated and revised description of the behavioral characteristics of habituation.” Neurobiology of Learning and Memory.



2. L’attention sélective et la saillance


Le système visuel humain priorise certains stimuli selon leur valeur attentionnelle, définie par leur nouveauté, leur mouvement, leur contraste ou leur association à une menace. Les corps flottants sont initialement très saillants — car nouveaux, mobiles, imprévisibles. Mais à mesure qu’ils deviennent familiers et que l’anxiété diminue, leur indice de priorité attentionnelle chute.


➡ Référence : Itti & Koch, 2001. “Computational modelling of visual attention.” Nature Reviews Neuroscience.



3. La modulation corticale


Les études d’imagerie fonctionnelle ont montré que l’activité dans les aires visuelles primaires (V1, V2) peut être diminuée volontairement ou automatiquement lorsque le cerveau juge un stimulus inutile. Ce filtrage perceptif s’observe notamment dans le phénomène de Troxler, ou dans les zones périphériques du champ visuel lors d’une tâche de concentration centrale.


➡ Référence : Hesselmann et al., 2010. “Spontaneous local variations in ongoing neural activity bias perceptual decisions.” PNAS.




Une gêne qui se traite sans intervention invasive


L’ensemble de ces données suggère qu’il est possible de réduire significativement la gêne liée aux corps flottants par un entraînement attentionnel et perceptif, sans recours à la chirurgie ni au laser.


Cette approche, non invasive, mobilise les capacités naturelles d’adaptation du cerveau et s’inscrit dans un cadre plus large de réhabilitation sensorielle, comme cela existe déjà en audiologie (acouphènes), en kinésithérapie (vertiges), ou en neurologie (membres fantômes).


En résumé :


  • Le corps flottant est toujours là.
  • Mais le cerveau ne le considère plus comme une information utile.
  • Et cela suffit, dans de nombreux cas, à restaurer le confort visuel et mental.


par Rédaction Clear 19 juin 2025
Ils apparaissent un jour dans le champ visuel. Taches, filaments, nuages mobiles. Parfois discrets. Parfois obsédants. Que sont ces “corps flottants” ? Pourquoi apparaissent-ils ? Et surtout : que peut-on faire quand ils gâchent la vue ? Nous avons posé toutes les questions — même les plus dérangeantes — à un spécialiste de la vision. Voici ses réponses. Ce que vous voyez, ce ne sont pas des illusions. Ce sont de petites opacités situées dans le vitré, ce gel transparent qui remplit l’œil entre le cristallin et la rétine. Ces opacités projettent des ombres sur la rétine quand la lumière les traverse. Résultat : vous percevez comme des taches, des filaments, des bulles… qui semblent flotter et se déplacer quand vous bougez les yeux. Est-ce que c’est grave ? Dans la grande majorité des cas, non. C’est gênant, parfois très invalidant sur le plan fonctionnel ou psychologique, mais ce n’est pas dangereux pour la santé visuelle si le fond d’œil est normal. En revanche, si les corps flottants apparaissent brutalement, en nuage dense ou avec des flashs lumineux, il faut consulter en urgence. Cela peut révéler un décollement du vitré ou une déchirure rétinienne. Pourquoi apparaissent-ils ? Les causes sont multiples. Le plus souvent, c’est le vieillissement du vitré. Il se liquéfie, se détache de la rétine, et des fibres de collagène s’agglutinent. Mais ils peuvent aussi apparaître plus tôt chez : • les myopes (surtout fortes myopies), • les personnes opérées de la cataracte, • après un traumatisme oculaire, • ou parfois sans cause apparente. Est-ce que les écrans ou le stress peuvent les provoquer ? Les écrans ne causent pas directement les corps flottants, mais ils peuvent amplifier la gêne. Un fond clair, une fixation prolongée, une fatigue oculaire : tout cela accentue la perception. Quant au stress, il n’est pas responsable de leur apparition, mais il aggrave souvent la gêne ressentie. Le cerveau devient plus sensible, plus focalisé sur l’inconfort. Est-ce que ça peut disparaître ? Pas vraiment. Les corps flottants ne s’évaporent pas, mais ils peuvent se déplacer en dehors de la zone centrale, ou devenir moins visibles à mesure que le cerveau s’y habitue. C’est ce qu’on appelle l’habituation visuelle. Peut-on vraiment s’y habituer ? Oui. Et ce n’est pas qu’une question de patience. C’est un mécanisme actif. Le cerveau apprend à ignorer les signaux perturbants — comme il ignore naturellement la tache aveugle ou le nez dans notre champ visuel. Cela s’appelle la neuro-adaptation. Ce processus varie selon les personnes : certains s’habituent vite, d’autres mettent des mois, voire jamais sans aide. Quel examen faut-il faire ? Un fond d’œil avec dilatation est indispensable, surtout si les corps flottants sont récents ou s’accompagnent d’éclairs lumineux. C’est le seul moyen de vérifier que la rétine n’est pas déchirée ou décollée. Une OCT du vitré peut aussi être utile, mais elle n’est pas systématique. Pourquoi les ophtalmologistes ne proposent rien ? Parce que la médecine ne dispose que de deux options : • la vitrectomie, une chirurgie invasive avec des risques (décollement de rétine, cataracte, infection) • ou la vitréolyse au laser, efficace dans des cas très ciblés mais encore controversée. Dans la majorité des cas, les ophtalmologistes préfèrent ne rien faire pour éviter de nuire, car le risque du traitement est jugé supérieur à la gêne. Ce n’est pas un abandon, c’est une prudence éthique. Mais du coup… on fait quoi ? On explore une autre voie. Celle du cerveau. Il ne s’agit pas de supprimer les corps flottants, mais d’apprendre à les tolérer, à les filtrer. Des programmes d’entraînement visuel basés sur la neuroplasticité permettent d’amplifier l’habituation naturelle, via des exercices de focalisation, de désensibilisation, ou de simulation contrôlée. Est-ce que ces méthodes marchent vraiment ? Des résultats cliniques préliminaires et des retours patients montrent que plus de 70 % des personnes entraînées rapportent une réduction significative de la gêne. Cela ne veut pas dire que les corps flottants disparaissent, mais qu’ils deviennent moins visibles, moins envahissants, moins obsessionnels. Est-ce que c’est accessible à tous ? Oui. Ces approches sont non invasives, réalisables à domicile, et adaptées à tous ceux qui souffrent d’une gêne sans indication chirurgicale. Le plus important, c’est la régularité : c’est un travail d’adaptation, pas un traitement instantané. Un dernier mot pour ceux qui en souffrent ? Ne restez pas seul. La gêne est réelle, même si elle est invisible aux autres. Ce que vous ressentez mérite d’être reconnu, accompagné, compris. Il n’existe peut-être pas de solution radicale aujourd’hui, mais il existe des chemins de soulagement, basés sur ce que le cerveau sait faire de mieux : s’adapter. Participer à notre enquête
yeux animaux corps flottant
par Aurore Allemand 3 juin 2025
Les animaux ont-ils des corps flottants dans les yeux ? Oui. Comme les humains, chiens, chats, chevaux et primates peuvent présenter des opacités vitréennes, observées à l’examen vétérinaire. Leurs effets restent difficilement mesurables car non verbalisés.
par Aurore Allemand 15 mai 2025
Pourquoi votre ophtalmologiste ne vous propose rien pour vos corps flottants ? Parce qu’il ne s’agit pas d’un problème dangereux pour la santé visuelle. Les corps flottants, aussi gênants soient-ils, ne menacent pas votre rétine. C’est pourquoi, en l’absence de décollement ou de signe grave, la réponse médicale reste souvent : « Il faut apprendre à vivre avec ». Ce n’est pas de la négligence, mais un choix de prudence. Et il existe aujourd’hui des solutions alternatives, comme l’entraînement visuel neuro-adaptatif.
par Rédaction Clear 15 avril 2025
Vous voyez des taches, des filaments ou des formes bizarres qui bougent devant vos yeux ? Vous vous demandez si ce sont des corps flottants ou des hallucinations visuelles ? La différence est essentielle. Elle peut orienter vers un simple phénomène ophtalmique… ou un trouble neurologique plus grave.
par Aurore Allemand 11 avril 2025
Qu’est-ce qu’une vitrectomie ? La vitrectomie est une chirurgie de l’œil qui consiste à retirer partiellement ou totalement le vitré, une substance gélatineuse située à l’intérieur de l’œil. Elle est indiquée dans les cas graves comme un décollement de rétine, une hémorragie intraoculaire ou un trou maculaire. Elle peut aussi être proposée, en dernier recours, pour des corps flottants très invalidants. Bien que très efficace, la vitrectomie est une procédure invasive, avec des risques potentiels comme la cataracte précoce ou un décollement de rétine, ce qui limite son indication aux cas sévères.
par Aurore Allemand 2 avril 2025
Le cortex visuel joue un rôle clé dans la perception des corps flottants. Grâce à la neuroplasticité, il peut apprendre à filtrer ces stimuli visuels parasites. En l’entraînant, il est possible de réduire la gêne sans intervention invasive. Une nouvelle voie, cérébrale, s’ouvre. Et si le cerveau apprenait à ignorer les corps flottants ? Le cortex visuel pourrait détenir la clé. Découvrez une approche neurosensorielle innovante.
par Aurore Allemand 29 mars 2025
Qu’est-ce que la neuroplasticité et comment le cerveau filtre les stimuli inutiles ? La neuroplasticité est la capacité du cerveau à se reprogrammer en formant de nouvelles connexions neuronales. Grâce à elle, le cerveau apprend à ignorer les stimuli répétitifs et non menaçants, comme le contact des chaussettes sur la peau ou le bruit d’un frigo. Il baisse leur priorité sensorielle, réduit la réponse émotionnelle associée et finit par les filtrer automatiquement. Ce mécanisme est également mobilisé pour désensibiliser certains signaux gênants, comme les acouphènes, la douleur chronique ou les corps flottants visuels.
Corps flottants : Pourquoi consulter un ophtalmologue en première intention ?
par Aurore Allemand 20 mars 2025
Corps flottants, éclairs lumineux : faut-il s’inquiéter ? Les corps flottants sont souvent bénins et liés au vieillissement du vitré. Mais s’ils apparaissent soudainement, augmentent ou s’accompagnent d’éclairs lumineux, ils peuvent signaler un décollement de rétine, une urgence ophtalmologique. Seul un examen chez un ophtalmologue peut confirmer leur innocuité. Si un doute persiste, consultez sans attendre : mieux vaut un contrôle rassurant qu’un risque pour votre vision.
par Aurore Allemand 13 mars 2025
Les corps flottants sont causés par des altérations du vitré, le gel transparent qui remplit l’œil. Avec l’âge, il se liquéfie et des fibres microscopiques s’agglutinent, projetant des ombres sur la rétine. Mais ce n’est pas qu’un simple signe du vieillissement ! Traumatismes, myopie, inflammation ou complications post-opératoires peuvent aussi provoquer ces particules gênantes. Faut-il s’inquiéter ? Dans 95 % des cas, ils sont bénins, mais un décollement de rétine peut être en cause. Découvrez pourquoi votre cerveau les voit (et comment il peut les ignorer) grâce aux mécanismes d’adaptation neuronale.
par Aurore Allemand 6 mars 2025
Oui. Le stress et l’anxiété augmentent la perception des corps flottants en perturbant le filtrage sensoriel du cerveau. En état d’hypervigilance, le cerveau focalise davantage sur ces stimuli visuels, renforçant leur présence. De plus, le stress active le système nerveux sympathique, entraînant une dilatation des pupilles et une fatigue oculaire qui accentuent leur visibilité. La boucle anxiogène crée un conditionnement négatif : plus on y pense, plus ils semblent envahissants. Réduire le stress, pratiquer la relaxation et détourner l’attention sont des stratégies clés pour atténuer cette perception.
Plus de posts