Vitrectomie : quand faut-il vraiment retirer le vitré de l’œil ?

Aurore Allemand • 11 avril 2025

La vitrectomie est une chirurgie de l’œil qui peut changer une vie… ou la compliquer.

Très efficace, mais invasive, elle consiste à retirer le vitré, la substance gélatineuse qui remplit l’intérieur de l’œil. Elle est parfois la seule solution pour restaurer la vision. Mais elle comporte aussi des risques et n’est pas à prendre à la légère.

À quoi sert-elle ? Dans quels cas est-elle indiquée ? Et surtout : faut-il vraiment faire une vitrectomie pour traiter les corps flottants ?

La vitrectomie quand l'envisageait

Qu’est-ce que la vitrectomie ?


La vitrectomie est une intervention chirurgicale intraoculaire qui consiste à enlever tout ou partie du corps vitré, ce gel transparent qui occupe environ 80 % du globe oculaire.


Ce vitré est normalement clair. Mais il peut devenir trouble, s’effondrer, ou contenir des impuretés (comme les corps flottants, du sang ou des débris). Dans certains cas, il gêne gravement la vision ou empêche d’accéder à la rétine.

La vitrectomie permet alors de nettoyer l’intérieur de l’œil, voire de réparer certaines lésions rétiniennes.



Comment se déroule l’opération ?


Elle se fait en bloc opératoire, sous anesthésie locale ou générale, et dure en général 30 à 90 minutes.

Le chirurgien introduit de minuscules instruments à travers la sclère (le blanc de l’œil) :


• Une sonde lumineuse pour éclairer l’intérieur de l’œil

• Une canule d’irrigation pour maintenir la pression

• Une sonde de vitrectomie qui aspire et coupe le vitré

• Parfois, un laser ou des instruments pour traiter la rétine


Le vitré est alors retiré, et remplacé par une solution physiologique, parfois par du gaz ou de l’huile de silicone selon le geste effectué. L’œil est ensuite recouvert d’un pansement, et le patient rentre généralement le jour même ou le lendemain.


vitrectomie

Pourquoi faire une vitrectomie ? Les vraies indications


La vitrectomie est une chirurgie majeure mais salvatrice dans de nombreux cas. Elle est indiquée en priorité pour :


• Décollement de rétine

• Hémorragie intra-vitréenne

• Trou maculaire

• Membrane épirétinienne

• Infection intraoculaire (endophtalmie)

• Corps étrangers dans l’œil

• Certaines complications de la chirurgie de la cataracte


Dans ces cas, la vision est gravement menacée. La vitrectomie est alors urgente et indispensable.



Et pour les corps flottants ?


C’est là que les choses se compliquent.


Les corps flottants (myodésopsies) sont extrêmement fréquents et souvent bénins. Chez certaines personnes, ils deviennent invalidants, obsessionnels, altérant fortement la qualité de vie. La vitrectomie est alors parfois proposée en dernier recours car elle permet de les éliminer totalement dans la majorité des cas. Mais c’est une chirurgie à haut risque pour un trouble non vital.



Quels sont les risques de la vitrectomie ?


Même si elle est très bien maîtrisée par les chirurgiens rétiniens, la vitrectomie reste invasive et peut entraîner des complications parfois irréversibles :


Cataracte précoce : dans 80 à 100 % des cas chez les patients phakes, dans les 2 ans

Décollement de rétine : 1 à 4 % selon les séries

Infection intraoculaire (endophtalmie) : rare mais grave

Hémorragie ou pression intraoculaire anormale

Vision fluctuante ou floue selon la qualité du remplacement du vitré


C’est pourquoi la vitrectomie pour corps flottants n’est envisagée que dans des cas bien ciblés, après échec des autres approches et quand la gêne est sévère et durable.



Qui peut pratiquer une vitrectomie ?


Seuls les ophtalmologistes chirurgiens rétiniens formés à la chirurgie du segment postérieur peuvent pratiquer une vitrectomie. L’intervention se fait dans des centres équipés d’un bloc opératoire spécialisé, avec un suivi post-opératoire rigoureux. Un bilan complet est toujours réalisé avant : fond d’œil, OCT, échographie, mesure de l’acuité visuelle, et entretien avec le patient pour évaluer la gêne réelle.



Des alternatives ? Oui, dans certains cas


Lorsque les corps flottants sont jugés trop légers pour une chirurgie, mais tout de même gênants, plusieurs alternatives sont possibles :


  • La vitreolyse YAG : une option… mais pas pour tout le monde


La vitreolyse YAG est une technique laser qui permet de fragmenter certains corps flottants dans le vitré. Elle est non invasive, réalisée en consultation, sans anesthésie générale, et peut dans certains cas réduire la gêne visuelle.


Mais cette option n’est pas accessible à tous les patients. En réalité, elle est principalement réservée aux patients pseudophaques, c’est-à-dire ceux qui ont déjà été opérés de la cataracte et ont reçu un implant intraoculaire en remplacement de leur cristallin naturel.


Pourquoi uniquement chez les pseudophaques ?


Chez les patients phakes (ayant encore leur cristallin naturel), le risque est nettement plus élevé, pour une raison simple : Le laser YAG, s’il est mal ciblé ou si le corps flottant est trop proche, peut endommager le cristallin, provoquant une cataracte traumatique. Chez les pseudophaques, ce risque est quasiment éliminé, car l’implant en acrylique est moins fragile, et les structures internes sont plus accessibles. Cela permet au chirurgien de travailler avec plus de sécurité.



  • L’adaptation cérébrale via la neuroplasticité : apprendre à ignorer les corps flottants par des exercices visuels, de désensibilisation et de focalisation.


Ces approches non invasives n’effacent pas les corps flottants, mais permettent souvent d’en atténuer la perception sans prendre de risque chirurgical.





La vitrectomie est une technique puissante, précise et souvent salvatrice pour traiter des maladies graves de l’œil.

Mais dans le cas des corps flottants, elle reste une solution de dernier recours, réservée aux formes sévères, durables, et après avoir bien pesé le rapport bénéfice/risque.


Avant de sauter le pas, il est essentiel de consulter un ophtalmologiste expérimenté, et d’explorer les solutions non invasives qui peuvent, dans bien des cas, suffire à retrouver une vie visuelle confortable.

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Ils apparaissent un jour dans le champ visuel. Taches, filaments, nuages mobiles. Parfois discrets. Parfois obsédants. Que sont ces “corps flottants” ? Pourquoi apparaissent-ils ? Et surtout : que peut-on faire quand ils gâchent la vue ? Nous avons posé toutes les questions — même les plus dérangeantes — à un spécialiste de la vision. Voici ses réponses. Ce que vous voyez, ce ne sont pas des illusions. Ce sont de petites opacités situées dans le vitré, ce gel transparent qui remplit l’œil entre le cristallin et la rétine. Ces opacités projettent des ombres sur la rétine quand la lumière les traverse. Résultat : vous percevez comme des taches, des filaments, des bulles… qui semblent flotter et se déplacer quand vous bougez les yeux. Est-ce que c’est grave ? Dans la grande majorité des cas, non. C’est gênant, parfois très invalidant sur le plan fonctionnel ou psychologique, mais ce n’est pas dangereux pour la santé visuelle si le fond d’œil est normal. En revanche, si les corps flottants apparaissent brutalement, en nuage dense ou avec des flashs lumineux, il faut consulter en urgence. Cela peut révéler un décollement du vitré ou une déchirure rétinienne. Pourquoi apparaissent-ils ? Les causes sont multiples. Le plus souvent, c’est le vieillissement du vitré. Il se liquéfie, se détache de la rétine, et des fibres de collagène s’agglutinent. Mais ils peuvent aussi apparaître plus tôt chez : • les myopes (surtout fortes myopies), • les personnes opérées de la cataracte, • après un traumatisme oculaire, • ou parfois sans cause apparente. Est-ce que les écrans ou le stress peuvent les provoquer ? Les écrans ne causent pas directement les corps flottants, mais ils peuvent amplifier la gêne. Un fond clair, une fixation prolongée, une fatigue oculaire : tout cela accentue la perception. Quant au stress, il n’est pas responsable de leur apparition, mais il aggrave souvent la gêne ressentie. Le cerveau devient plus sensible, plus focalisé sur l’inconfort. Est-ce que ça peut disparaître ? Pas vraiment. Les corps flottants ne s’évaporent pas, mais ils peuvent se déplacer en dehors de la zone centrale, ou devenir moins visibles à mesure que le cerveau s’y habitue. C’est ce qu’on appelle l’habituation visuelle. Peut-on vraiment s’y habituer ? Oui. Et ce n’est pas qu’une question de patience. C’est un mécanisme actif. Le cerveau apprend à ignorer les signaux perturbants — comme il ignore naturellement la tache aveugle ou le nez dans notre champ visuel. Cela s’appelle la neuro-adaptation. Ce processus varie selon les personnes : certains s’habituent vite, d’autres mettent des mois, voire jamais sans aide. Quel examen faut-il faire ? Un fond d’œil avec dilatation est indispensable, surtout si les corps flottants sont récents ou s’accompagnent d’éclairs lumineux. C’est le seul moyen de vérifier que la rétine n’est pas déchirée ou décollée. Une OCT du vitré peut aussi être utile, mais elle n’est pas systématique. Pourquoi les ophtalmologistes ne proposent rien ? Parce que la médecine ne dispose que de deux options : • la vitrectomie, une chirurgie invasive avec des risques (décollement de rétine, cataracte, infection) • ou la vitréolyse au laser, efficace dans des cas très ciblés mais encore controversée. Dans la majorité des cas, les ophtalmologistes préfèrent ne rien faire pour éviter de nuire, car le risque du traitement est jugé supérieur à la gêne. Ce n’est pas un abandon, c’est une prudence éthique. Mais du coup… on fait quoi ? On explore une autre voie. Celle du cerveau. Il ne s’agit pas de supprimer les corps flottants, mais d’apprendre à les tolérer, à les filtrer. Des programmes d’entraînement visuel basés sur la neuroplasticité permettent d’amplifier l’habituation naturelle, via des exercices de focalisation, de désensibilisation, ou de simulation contrôlée. Est-ce que ces méthodes marchent vraiment ? Des résultats cliniques préliminaires et des retours patients montrent que plus de 70 % des personnes entraînées rapportent une réduction significative de la gêne. Cela ne veut pas dire que les corps flottants disparaissent, mais qu’ils deviennent moins visibles, moins envahissants, moins obsessionnels. Est-ce que c’est accessible à tous ? Oui. Ces approches sont non invasives, réalisables à domicile, et adaptées à tous ceux qui souffrent d’une gêne sans indication chirurgicale. Le plus important, c’est la régularité : c’est un travail d’adaptation, pas un traitement instantané. Un dernier mot pour ceux qui en souffrent ? Ne restez pas seul. La gêne est réelle, même si elle est invisible aux autres. Ce que vous ressentez mérite d’être reconnu, accompagné, compris. Il n’existe peut-être pas de solution radicale aujourd’hui, mais il existe des chemins de soulagement, basés sur ce que le cerveau sait faire de mieux : s’adapter. Participer à notre enquête
yeux animaux corps flottant
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