Pourquoi les corps flottants sont-ils si peu pris en charge ?

Aurore Allemand • 6 mars 2025

Vous consultez un ophtalmologue, plein d’espoir, persuadé qu’il existe une solution pour ces taches et filaments qui dansent en permanence devant vos yeux. Mais la réponse tombe, implacable : “C’est bénin, vous allez vous y habituer.” Une phrase frustrante, qui laisse des milliers de patients démunis face à un trouble pourtant bien réel. Alors, pourquoi les corps flottants sont-ils si peu pris en charge ?

On ne peut rien faire, il faut s’habituer

Un problème jugé mineur, mais un impact bien réel


Les corps flottants, ou myodésopsies, sont causés par des petites opacités dans le vitré, ce gel transparent qui remplit l’œil. Avec l’âge, il se liquéfie et se détache progressivement de la rétine, entraînant l’apparition de ces ombres mouvantes dans le champ de vision. Un phénomène considéré comme normal par la médecine, tant qu’il n’est pas associé à une complication plus grave comme un décollement de rétine.


Sauf que pour certains, cette “normalité” est un véritable calvaire. Lecture pénible, gêne au travail, fatigue visuelle constante… Dans les cas les plus sévères, la qualité de vie est fortement altérée, entraînant anxiété et détresse psychologique. Pourtant, malgré cette souffrance, la prise en charge reste quasi inexistante.



Un manque de solutions thérapeutiques


Face à un patient qui se plaint de corps flottants, que peut proposer un ophtalmologue ? Aujourd’hui, les options sont limitées, voire inexistantes.


La seule solution radicale, la vitrectomie, consiste à retirer le vitré et à le remplacer par un liquide clair. Efficace, elle reste pourtant très peu pratiquée en raison des risques qu’elle comporte : cataracte précoce, infection, décollement de rétine… Des complications qui dissuadent la plupart des médecins de la proposer pour un “simple” inconfort visuel.


Autre option, la vitreolyse laser, qui vise à fragmenter les corps flottants pour les rendre moins gênants. Une technique prometteuse, mais encore marginale et controversée, car elle ne fonctionne pas sur tous les types de flottants et peut, dans certains cas, aggraver le problème.


Quant aux traitements médicamenteux ? Il n’en existe aucun validé scientifiquement. Certaines molécules sont en cours d’étude, notamment en Asie et aux États-Unis, mais rien qui ne soit encore disponible en clinique. Résultat : les patients se retrouvent face à une impasse.



“Vous allez vous habituer” : une réponse simpliste


La plupart des médecins partent du principe que le cerveau finira par s’adapter et filtrer les corps flottants. Une affirmation qui repose sur un mécanisme réel : la neuroplasticité permet, dans de nombreux cas, de diminuer la perception des éléments gênants dans le champ visuel. Mais ce processus est très variable d’une personne à l’autre.


Certains patients s’habituent en quelques semaines. D’autres continuent de voir leurs corps flottants de manière obsessionnelle, surtout dans certaines conditions : éclairage intense, écrans, ciel dégagé. Le stress et l’anxiété jouent un rôle majeur : plus on y pense, plus ils sont présents. Mais minimiser leur impact sans proposer d’accompagnement revient à laisser les patients seuls face à leur détresse.


Un problème invisible… même pour les médecins


Autre obstacle majeur : les corps flottants sont souvent invisibles lors d’un examen ophtalmologique classique. À moins qu’ils ne soient particulièrement volumineux ou denses, ils passent inaperçus, ce qui alimente un certain scepticisme médical. Si le médecin ne voit rien d’anormal, la plainte du patient peut être perçue comme exagérée, voire psychosomatique.


Ajoutons à cela un manque de recherche criant. Contrairement aux pathologies comme la DMLA ou le glaucome, qui bénéficient d’investissements massifs, les corps flottants restent un sujet secondaire. Très peu d’études sont menées, faute de financements et d’intérêt de la part des grandes institutions médicales. Des chercheurs explorent aussi de nouvelles pistes thérapeutiques, notamment des traitements enzymatiques pour dissoudre les opacités du vitré. Mais tant que la médecine ne considérera pas ce trouble comme un véritable enjeu de santé, les patients continueront d’être livrés à eux-mêmes.


En attendant, informer, sensibiliser et faire entendre sa voix reste la meilleure manière de faire bouger les choses. Parce que non, les corps flottants ne sont pas un simple détail visuel.


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